Perfectionnisme IV: trompe l’œil
Curated by
Becca Pelly-Fry
juillet.16 - Septembre.16.2020
Video by Ian Lee
« Avec la prolifération du contenu et son réseau complexe de sources, il devient de plus en plus difficile d’identifier ce qui est réel dans notre existence centrée sur la technologie »
Aujourd’hui plus que jamais, comme nos activités culturelles et sociales habituelles ont été interrompues par la pandémie mondiale, nos vies et nos expériences contemporaines sont largement médiatisées sur les petits écrans. Confinés chez nous, notre communication et notre consommation de la culture et de l’information sont limitées à cet écran rectangulaire - où nous n’avons d’autre choix que de dialoguer avec le monde extérieur par la technologie. Depuis l’invention de la télévision en 1927, les écrans numériques sont devenus omniprésents et portatifs, ajoutant des couches d’informations de plus en plus complexes à nos activités quotidiennes. Avec la prolifération du contenu et son réseau complexe de sources, il devient de plus en plus difficile d’identifier ce qui est réel dans notre existence centrée sur la technologie.
Dans cette exposition de groupe, OPENART présente le travail de six artistes dont la pratique artistique implique une approche de fabrication scrupuleuse, hautement qualifiée et presque monastique : un « perfectionnisme » du processus. Ces artistes utilisent leurs compétences techniques finement perfectionnées pour créer une tromperie visuelle ou une illusion. Dans la continuité du concept de Jean Baudrillard de « l’hyper réel », terme inventé dans son traité de 1981 Simulacra et Simulation, cette collection d’artistes présente des fabriques d’images qui vacillent entre le réel et le simulé. Nous ne pouvons pas être sûrs de ce qui est « réel » ou non, en particulier lorsque nous voyons ces œuvres dans un espace virtuel et numérique. Les surfaces planes apparaissent en trois dimensions, les rendus numériques semblent être des photographies et les images résultantes sont obscurcies par des couches de symboles graphiques. Nous commençons à nous demander : mais quel est l’original ?
En ces temps de reproduction et de distribution répétitifs, existe-t-il un « original »? Baudrillard a peint un tableau de la vie contemporaine où les individus ne sont plus ancrés dans le réel, mais hypnotisés par cette « extase de la communication », saturés et bombardés par des influences extérieures. Les objets et les événements de cette image ne cessent de s’étendre et de se superposer, devenant toujours plus beaux, plus brillants, plus réels que la réalité. Paradoxalement, en cette époque d’automatisation, d’accélération et d’expansion, les artistes de cette exposition prennent leur temps, travaillent méthodiquement et minutieusement pour créer des œuvres d’art qui font non seulement participer le public avec des éléments visuels travaillés- mais captivent également par leur irremplaçable investissement humain et dévouement artistique.
« On pourrait bien sûr affirmer que ce n’est pas l’original, mais alors – que quelqu’un me montre cet original. » Hito Steyerl, In Defense of the Poor Image, journal e-flux # 10 (novembre 2009)
Olly fathers
Fathers a obtenu son diplôme au Wimbledon College of Art en 2010. Son travail explore la manière dont les structures créées par l’homme et qui contribuent à la façon dont nous percevons, jugeons et abordons nos positions dans l’espace. Il étudie les interactions subconscientes entre les personnes et les objets: une forme de voyage visuel inspiré par l’architecture, les gens et la ville qu’il appelle « maison ».
Soucieux de la l’anatomie, de la forme, des contours et de la couleur, il examine la surface et la texture à travers le collage et le relief. surface et la texture à travers le collage et le relief. Ses formes géométriques désignent les espaces entre les obstacles crees par l’homme dans le paysage urbain, demandant au spectateur de réfléchir à sa relation avec l’environnement construit. Soigneusement assemblées, ces œuvres vacillent entre deux et trois dimensions, les couleurs agissant comme des ombres qui flottent au-dessus du plan de l’image.
Nicolas Feldmeyer
Feldmeyer a d’abord suivi une formation d’architecte avant de pour suivre ses études aux Beaux-Arts du San Francisco Art Institute, avec la bourse Fulbright. Il a obtenu son MFA à la Slade School of Art de Londres en 2012. Son travail explore le lieu et la mémoire, en exposant des espaces imaginés dans le domaine numérique. Ses paysages numériques - vides de toute présence humaine - sont habités par des monuments monolithiques, des fenêtres ou des arcades offrant une sorte de portail vers un lieu imaginaire.
Imprimées sur papier d’archives de haute qualité ou montées sur aluminium, ces œuvres ont l’apparence de photographies mais sont en fait entièrement fabriquées. Elles se situent dans l’espace liminal entre réalité physique et virtuelle, imaginaire et vécu, mémoire et invention.
Alastair gordon
Gordon a obtenu son BA (hons) à la Glasgow School of Art en 2002 puis son MA en 2012 à la Wimbledon School of Art. Il crée des peintures sur la peintures sur la peinture: des images qui oscillent entre artifice et artefact. Ses peintures font fortement référence à une forme de peinture en trompe l’œil - forme qui a proliféré au XVIIe siècle en Europe du Nord: une forme spécifique d’illusions aussi appelée peinture en rack. La notion d’authenticité est au coeur de sa recherche artistique. Le spectateur est souvent désarmé par la nature méticuleuse de la représentation dans ses peintures et l’impression d’autorité qui prédomine. Et pourtant, malgré leur ironie tragique et ce souci du détail scrupuleux, la véracité historique de ces object est historique de ces objects est constamment remise en doute.
jonny green
Green a étudié la peinture à la Norwich School of Art, puis a obtenu son MA au Royal College of Art de Londres. Green fait des peintures de sculptures. Dans ces nouvelles series, des pieces de carton sont assemblées et collées avec du ruban adhésif, puis délicatement peintes à l’huile. Green traduit cette approche comme « une tentative d’offrir de la dignité, de la documentation, un témoignage à quelque chose qui manque apparemment de dignité ou de voix ». Les tableaux qui en résultent sont à la fois des natures mortes et des portraits, animés et inanimés.
SELMA parlour
Parlour est titulaire d’un BA, d’un MFA et d’un doctorat qu’elle a obtenu aux Beaux- Arts de l’Université De Montfort, Reading et Goldsmiths. Les peintures à l’huile de Parlour semblent dessinées, teintes ou imprimées. Elle crée ce qu’elle appelle des « peintures abstraites de la photographie d’installation de peinture abstraite » en utilisant des unités de couleur « rétro éclairées », des bandes ombrées et un espace schématique. Elle utilise un langage visuel spécifique pour déceler les traditions et les conventions de la peinture abstraite historique.
Dans les peintures de Parlour, les blocs de couleur semblent flotter au-dessus ou
au- dessous du plan de l’image, créant des fenêtres ou des cadres à travers lesquels la lumière colorée travers lesquels étincelle. Le spectateur n’est pas sûr si ce qu’il regarde est représentatif ou abstrait ; l’échelle et la forme sont incertaines et semblent sont osciller osciller lorsque l’œil se déplace sur la toile.
charley peters
Peters est titulaire d’un doctorat aux Beaux-Arts de l’Université de Montfort. Partant d’un intérêt sans limite pour l’héritage du “hard-edge”, le travail de Peters parle de la manifestation du langage abstrait dans le contexte des médias visuels. Explorant le potentiel spatial de la surface peinte à travers des oppositions de couleurs, de structures et de techniques, ses peintures sont développées intuitivement en couches sans aucune compréhension préconçue d’une « image résolue ».
Les propriétés matérielles et illusoires de la peinture sont importantes pour l’artiste comme moyen d’interroger les expériences de l’espace de lecture, de la substance et de la forme abstraite dans la culture visuelle contemporaine les symboles autrefois radicaux de l’abstraction formelle “hard-edge” sont devenue des signifiants esthétisés et familiers du monde de l’image post- numérique dématérialisée.
Becca Pelly-Fry | curator
Becca is an Independent Curator, and Art & Culture Consultant based in London. She originally trained as a sculptor at Northumbria University and worked with film, performance and installation art. She was the Head Curator for Elephant West, a contemporary art space in a converted petrol station in White City, west London till late 2019. Prior to, Becca was the Director and Curator of Griffin Gallery (inside the Head Office of art materials manufacturer, ColArt International) where she curated majority of the exhibitions between 2013 and 2018 and oversaw the artist residency programme and the annual Griffin Art Prize.
Previous to her role with ColArt, Becca worked as an Arts Development Officer for both Kensington & Chelsea and Camden Councils, delivering borough-wide art programmes, festivals and large-scale public art events. She currently works as a freelance curator, developing exhibitions with emerging to mid-career artists, as well as working on a range of independent projects. Her curatorial practice encompasses an interest in materiality and the process of making, through to explorations of human/animal relationships, symbiosis with the natural world, healing and spirituality. Becca is also a Reiki healer and is currently learning about Andean Shamanism, both of which bring a complementary set of practices to her professional and personal life.
beccapellyfry.com
IG: @beccapf